Interview de Chenmin Sun, recruté chargé de recherche au CNRS en 2021

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Interview de Chenmin Sun, chargé de recherche au CNRS, membre du Laboratoire d'analyse et de mathématiques appliquées (LAMA - UMR8050 - CNRS/Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne/Université Gustave Eiffel).

Quel est ton sujet de recherche ?

J'étudie les équations aux dérivées partielles. Plus précisément des équations qui modélisent le phénomène de propagation d'ondes provenant de la physique, par exemple, la propagation d'onde électromagnétique, d'onde dans les matériaux viscoélastiques ou dans les fibres optiques. Une partie de ma recherche porte sur le contrôle et la stabilisation de ces équations. Dans la théorie du contrôle, une question basique est de savoir si on peut amener un système à l'équilibre ou à un état désiré en agissant uniquement sur une partie du domaine ou du bord. Pour l'onde, les compréhensions qualitatives et quantitatives de la théorie de propagation nous permettent de déterminer la répartition d'énergie dans le domaine du contrôle.

Je travaille aussi sur les équations d'onde nonlinéaire, du point de vue macroscopique. Ce sont les systèmes hamiltoniens en dimension infinie. Par analogie, une équation d’onde nonlinéaire est un système (de dimension infinie) de particules avec interaction, où la particule correspond au nombre d’ondes. En adaptant l'idée de la physique statistique, on voudrait comprendre les propriétés macroscopiques de solutions.

Qu’as-tu fait avant d’entrer au CNRS ?

Après ma licence et ma première année de master en Chine, je suis venu en France pour poursuivre mes études en maths. J'ai fait mon master 2 sur les équations aux dérivées partielles à Orsay. Ensuite j'ai préparé ma thèse à Nice. Enfin, j'ai fait trois ans de postdoctorat à Cergy.

Qu’est-ce qui t’a amené à faire des mathématiques?

J'ai commencé à aimer les mathématiques au collège, grâce au cours de géométrie élémentaire. J'aime les raisonnements rigoureux. De plus, pour résoudre un exercice difficile, souvent on a besoin d'un peu de créativité afin de trouver des lignes auxiliaires. J'aime aussi la physique et j'avais été fasciné par le fait que les maths sont la langue permettant de décrire les lois de la physique.

J'apprécie toujours les choses simples qui ne sont dirigées que par la logique, la règle la plus simple dans le monde. Faire des maths est une activité de ce type, on dépend très peu de choses (par rapport aux autres disciplines), mais on y expérimente le plaisir intellectuel. C'est aussi une exploration : "Une sente sinueuse mène aux lieux reclus", pour citer un poème chinois.

Pourrais-tu nous parler de mathématiciens ou de mathématiciennes, historiques ou contemporains, qui t’ont marqué, influencé, ou que tu admires tout particulièrement ?

Je voudrais nommer d'abord mes professeurs mathématiques de licence et de master, mon directeur de thèse, ensuite mon mentor de postdoc et mes collaborateurs. Tous m'ont influencé, tout au long de mon parcours. Leurs points de vue différents sur les maths et leurs diverses manières de faire des maths m'ont appris beaucoup.

Historiquement, je pense à A. N. Kolmogorov. Lorsque j'étais étudiant, j'étais impressionné par sa vie légendaire, sa créativité et sa riche contribution aux maths, pour ne mentionner que son théorème de loi des grands nombres, son exemple de divergence presque partout de la série de Fourier $L^1$ (qu'il avait construit à l'âge de 19 ans). Ce sont des résultats accessibles aux étudiants qui montrent des idées éclairantes et profondes.

Qu’attends-tu du métier de mathématicien ?

Il s'agit de comprendre diverses idées et techniques profondes, de répondre aux problèmes importants et de poser des questions intéressantes. D'un côté, je souhaite répondre à des questions concrètes dans mes perspectives de recherche qui sont déjà bien déroulées. C'est aussi essentiel d'élargir mon domaine de recherche. Surtout, je pense que le plus grand défi est de poser des bonnes questions.

Pourquoi le CNRS ?

Le poste CNRS me permet d'avoir la grande liberté d'organiser mon temps, de choisir et de pratiquer mes sujets de recherche.

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© Chenmin SUN/DR

 

Contact

Chenmin Sun est chargé de recherche au CNRS, membre du Laboratoire d'analyse et de mathématiques appliquées (LAMA - UMR8050 - CNRS/Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne/Université Gustave Eiffel).