L’IRL LaSol, une passerelle mathématique entre la France et le Mexique

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Né en 2017 dans le prolongement d’un Laboratoire international associé (LIA) créé en 2009, l’International Research Laboratory (IRL) franco-mexicain Laboratorio Solomon Lefschetz (LaSol) illustre la coopération scientifique étroite entre la France et le Mexique. Basé à Cuernavaca, il est structuré autour de huit axes mathématiques principaux et contribue à soutenir la mobilité et les collaborations entre chercheuses et chercheurs des deux pays. 

Du LIA à l’IRL : structurer et étendre la coopération franco-mexicaine

Des liens scientifiques existent depuis longtemps la France et le Mexique, notamment en géométrie, théorie des singularités, probabilités et systèmes dynamiques. C’est en 1998 que s’amorce un nouveau tournant avec la création, à Cuernavaca, d’une unité de mathématiques de l’Université nationale autonome du Mexique. Cette étape marque le début d’une année riche en activités mathématiques, qui réunit alors de nombreuses et nombreux mathématiciens français. « Jose Seade et Alberto Verjovsky ont joué un rôle important dans cette volonté de rapprochement mathématique entre la France et le Mexique » explique Laurent Meersseman, enseignant-chercheur et directeur du Laboratoire Angevin de Recherche en Mathématiques et actuel directeur adjoint de l’IRL LaSol. « Alberto Verjovsky, qui était professeur à Lille, avait les contacts nécessaires pour cela ».

Cette dynamique a entraîné la création, en 2009, d’un Laboratoire International Associé du CNRS à Cuernavaca, co-dirigé par Jose Seade, pour le Mexique, et Hamish Short, pour la France. La transformation en International Research Laboratory, à l’époque appelé Unité Mixte Internationale, intervient en 2017 comme suite logique. L’ambition est alors claire : dépasser l’ancrage géographique originel pour irriguer l’ensemble des grands centres universitaires et centres de recherche du pays tels que de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM), le Centre de recherche et d’études avancées de l’Institut national polytechnique (CINVESTAV) ou le Centre de recherche en mathématiques (CIMAT).

Le passage à une UMI a été planifié et vécu comme un aboutissement logique de cette volonté forte de développer la coopération franco-mexicaine. D’ailleurs, les deux directeurs du LIA sont restés directeurs de l’UMI.
Laurent Meersseman

Le laboratoire s’articule autour de huit axes majeurs, qui reflètent la richesse des collaborations scientifiques entre les deux pays :

  • Algèbre ;
  • Analyse et EDP ;
  • Mathématiques discrètes et combinatoire ;
  • Géométrie ;
  • Probabilités ;
  • Systèmes dynamiques ;
  • Singularités ;
  • Topologie.

L’objectif affiché par l’IRL LaSol est d’accompagner toute nouvelle collaboration entre la France et le Mexique, pour favoriser les échanges et le dynamisme des collaborations. « L’ambition est d’irriguer tous les domaines de mathématiques où une coopération franco-mexicaine de haut niveau scientifique se met en place » précise l’actuel directeur adjoint.

Témoignage de Pavao Mardesic, maître de conférences à l’Institut de Mathématiques de Bourgogne

Je suis en délégation CNRS au Laboratoire LaSol à Mexico pour six mois, actuellement à mi-parcours. Je travaille à l’Institut de Mathématiques situé sur le campus de l’Université nationale autonome du Mexique (UNAM). 

J’ai déjà effectué beaucoup de séjours scientifiques, plus ou moins longs, au Mexique. Ces séjours ont toujours été très enrichissants scientifiquement, mais aussi culturellement et humainement. Je n’ai jamais été dans un endroit avec autant de jeunes gens aussi bien formés et motivés. J’ai dirigé deux thèses d’étudiantes mexicaines que j’ai rencontrées sur place et ces deux expériences ont été très gratifiantes. Une mes anciennes étudiantes est actuellement en poste à l’Institut de Mathématiques de l’UNAM et l’autre est en post-doctorat à l’Unité de mathématiques pures et appliquées, à Lyon. 

La vie scientifique ici est riche. Depuis le début de mon séjour, une série de de 10 conférences par Yu. S. Ilyashenko, une grande figure de la théorie des feuilletages holomorphes, a été organisée autour du 16ème problème de Hilbert. Les conférences étaient adressées aux étudiantes et étudiants mais aussi aux chercheuses et chercheurs, et une cinquantaine de personnes ont assisté activement les présentations. Elles ont été suivies d’une semaine d’exposés de recherche. Dans ce cadre, j’ai présenté un travail récent mené avec des collègues mexicains et une collaboratrice a également présenté un travail que nous avons en cours. Le laboratoire organise des séminaires et colloquiums hebdomadaires, où l’ambiance est toujours agréable, presque familiale.

Faciliter les collaborations et construire un réseau scientifique

Selon Laurent Meersseman, l’IRL « agit comme facilitateur d’échanges ». Les différentes actions menées illustrent ses propos : co-financement de colloques au Mexique avec la présence d’oratrices et d’orateurs français, accueil en délégation au sein de l’IRL de chercheuses et chercheurs français, séjours en France de chercheuses et chercheurs mexicains sur postes rouges, etc.  

Beaucoup de collaborations entre nos deux pays se font sans que les intervenantes et intervenants aient conscience de l’aide que pourrait leur apporter l’IRL. Il est important de toucher plus de collègues.
Laurent Meersseman

Des activités que le laboratoire entend poursuivre mais aussi étendre, non seulement avec la France mais aussi avec les différents IRL d’Amérique, avec lesquels les contacts se multiplient depuis quelques années. Le directeur de l’IRL LaSol, Geronimo Uribe, a ainsi participé aux 25 ans de l’IRL CMM au Chili ainsi qu’à l’inauguration de l’IRL IFUMI en Uruguay. « À terme, l’idée est de mettre en place la fédération Matham des IRL des Amériques, qui sera créée début 2026, qui permettra des actions conjointes et partage d’expérience » résume Laurent Meersseman.

À court terme, la priorité affichée est donc d’achever la cartographie de la coopération franco-mexicaine en mathématiques, en identifiant les collaborations existantes pour mieux soutenir les chercheuses et chercheurs impliqués. À moyen terme, la direction de l’IRL vise la mise en place d’événements pérennes avec les différents acteurs, comme un congrès franco-mexicain des mathématiques ou encore, l’organisation de semestres thématiques conjoints, afin de consolider la communauté scientifique et d’amplifier sa visibilité.